Conte parfumé N°3

Si les senteurs florales et solaires vous ont enchantés ces dernières semaines, ce nouveau conte venu tout droit de l’empire du milieu devrait pouvoir entretenir la magie… Après la fleur de tiaré et le jasmin, place donc à l’énigmatique rose bleue.

La rose bleue – conte chinois

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Il était une fois une jeune princesse pourvue de toutes les qualités. Ses yeux d’un bleu profond illuminaient un visage ravissant et tout le monde admirait intelligence. Seulement voilà, la princesse avait une fâcheuse habitude : se considérant comme une personne parfaite, elle exigeait que tout autour d’elle le fût également. Elle n’hésitait pas à jeter un gâteau si les fraises qui l’ornaient n’étaient pas toutes de la même taille et de la même couleur ! Evidemment, aucun prétendant ne trouvait grâce à ses yeux et malgré les insistances de son père, elle continua de refuser tous les jeunes gens qui lui furent présentés. Un jour qu’il la suppliait de nouveau, elle lui promit d’épouser celui qui lui apporterait une rose bleue. L’empereur, qui l’adorait et ne lui refusait rien depuis la mort de sa mère, ne se réjouit pas de cette décision car il savait que les roses bleues n’existaient pas. Les roses étaient blanches, rouges, roses ou jaunes mais jamais bleues ! Cédant néanmoins à cette dernière exigence il fit annoncer dans tout le royaume que le premier qui apporterait à la princesse une rose bleue, de la couleur de ses yeux, gagnerait sa main.

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Nombreux sont ceux qui partirent à la recherche de cette fameuse rose dans l’espoir d’épouser la princesse. Et tout aussi nombreux furent ceux qui abandonnèrent la quête. Au bout de plusieurs semaines, trois prétendants seulement se présentèrent au palais.

Le premier était un riche marchand. Ce dernier était parti chercher le meilleur fleuriste de la ville, lui promettant une bourse bien remplie s’il lui trouvait une rose bleue, mais également la mort s’il échouait. Désespéré, le fleuriste alla, sur les conseils de sa femme, trouver un alchimiste qui trempa une rose blanche dans un liquide bleu de la couleur des yeux de la princesse. Les pétales prirent aussitôt une teinte bleu fabuleuse. Enchanté, le marchand couru au palais présenter sa rose. L’empereur, très satisfait, demanda à la princesse de tenir sa promesse, mais cette dernière, loin d’être sotte, demanda qu’on apporte un oiseau. Lorsque celui-ci se posa sur la rose, il mourut instantanément, tué par la poison qui avait servi à colorer la fleur.

« Père, comment avez-vous pu vous laisser berner de la sorte ? Cette rose n’est bleue que parce qu’elle a été teintée, ce n’est pas sa couleur d’origine. Comment pourrais-je accepter un fiancé si peu crédible, si peu sincère, si peu honnête ? Il me trompera comme il a essayé de vous tromper ! Je n’épouserai pas cet homme ».

Le deuxième prétendant était un militaire qui avait parcouru le monde. De la région des cinq fleuves, célèbre pour ses diamants, il ramena un saphir bleu d’un bel éclat. Il ramena la pierre chez un joaillier qui le fit tailler en forme de rose, avant de l’amener au palais. Quand l’empereur vit le bijou, il le trouva simplement parfait et fut persuadé que sa fille, cette fois, accepterait de se marier.

Malheureusement, lorsqu’elle vit le bijou, la princesse n’eut pas la réaction escomptée : « Père, ceci n’est pas une fleur et vous le savez. Qu’ai-je faire d’un amour factice, fabriqué de toute pièce, un amour tape-à-l’œil ? Je ne suis pas une femme qu’on achète. J’attends toujours qu’on m’apporte une véritable rose bleue. »

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Le troisième prétendant était un jeune noble de bonne famille. Ce dernier fit convoquer le peintre le plus réputé du pays et lui demanda de peindre sur la plus fine porcelaine de Chine la plus jolie rose bleue qu’on ait pu imaginer. Quand il fut achevé, le jeune noble porta à l’empereur un vase merveilleusement translucide arborant, en son centre, la représentation la plus parfaite d’une rose bleue. Convaincu que sa fille serait séduite par tant de délicatesse, le monarque fit chercher la princesse et lui dit : « Cette fois, tu as la rose bleue que tu souhaitais, tu dois tenir ta promesse ! ». Ce à quoi la princesse répondit : « Père, je veux une rose vivante et non une image, aussi belle soit-elle. Je garderai donc le vase mais pas le prétendant ! ». Le dernier prétendant fut donc remercié, comme tous les autres.

Un soir d’été, alors qu’elle admirait le coucher du soleil, la princesse entendit un poète chanter. C’était un beau jeune homme à la voix douce et harmonieuse. Elle descendit à sa rencontre. Un regard suffit. Sa voix et ses paroles l’avaient déjà conquises. Quand il lui dit qu’il souhaitait l’épouser cette dernière répondit « Hélas, j’ai juré que je n’épouserai que celui qui serait capable de me rapporter une rose bleue et jusqu’à présent, nul n’y est parvenu ». Le poète promis qu’il y parviendrait car « il y a partout des roses bleues pour qui veut les voir ».

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Le lendemain, le jeune poète se présenta au palais avec une rose couleur crème. Cela fit sourire l’empereur, désabusé par cette quête sans fin du prétendant parfait. Il fit néanmoins mander sa fille et lui dit : « Voilà ma fille un poète qui prétend avoir trouvé une rose bleue ! ». A sa grande surprise, la princesse prit la rose et assura, sans une once d’hésitation : « En effet Père, cette rose est bleue, et elle est belle comme la vie elle-même ». Tout le monde à la Cour partagea la stupéfaction de l’empereur. Tout le monde voyait une rose crème et non bleue. Alors la princesse, sûre d’elle, poursuivit « Ce sont vos yeux qui vous trompent ! Regardez bien, regardez mieux, et vous verrez que la rose a la couleur de mes yeux, un bleu merveilleux ». Plus personne n’osa protester, et ce n’est pas l’empereur qui trouverait à y redire, trop heureux d’avoir enfin trouvé son gendre. La princesse épousa alors le poète. Les chants, les rires, la poésie et la musique emplirent bientôt le Palais, et la princesse, enfin comblée de l’essentiel, cessa de rechercher la perfection en toute chose.

Sources :

La rose bleue, conte chinois, tiré de l’ouvrage de Rè et Philipe Soupault : Histoires merveilleuses des cinq continents, Ed Seghers, 1975, 1985, p. 185-188.

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