Conte parfumé N°2

Pour continuer cette série sur les contes parfumés du monde, après l’ambiance tropicale de la Polynésie cap sur les reliefs envoûtants de l’Indonésie.

Le turban magique, la dague enchantée et l’écriture merveilleuse » – Conte Javanais

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Dans un lointain pays vivait un vieux sage nommé Ayi Saka. Poussé par le besoin de s’éloigner des hommes pour méditer, dans le silence et la solitude de la forêt, sur le mystère de la vie, il se tint immobile au cœur de la jungle durant 7 jours et 7 nuits. C’est là que son cœur, empli de paix, fut pénétré par un pouvoir magique, celui qui rassemble les fleurs de la forêt. Une fois revenu de sa réclusion, le sage convoqua ses deux serviteurs Sembada et Doro et leur dit : « Lorsque j’attendais dans le silence de la forêt, le vent d’Est m’apporta un parfum de Jasmin et, avec lui, un songe étrange, celui d’une île merveilleuse où vivait un peuple pauvre et inculte, gouverné par un roi ogre affreux nommé Sang Prabu. J’ai entendu une voix inconnue qui m’appelait au secours, je vous demande donc de m’accompagner dans ce lointain voyage ». Sambasa et Doro acceptèrent avec empressement, avant d’interroger le sage sur la direction à prendre. Ayi Saka sourit et répondit : « Le parfum du jasmin a su me trouver, c’est donc lui qui décidera ». Sur ces mots, le sage cueillit une fleur de jasmin, la laissa tomber par terre et tendit ses mains. La fleur se mit à grandir jusqu’à pouvoir abriter les trois hommes et s’envola avec eux tel un tapis volant. Ils survolèrent de nombreux océans et continent jusqu’à ce que la longue barbe blanche de Ayi Saka, qui flottait au vent, s’accroche au sommet d’une montagne.

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« Nous sommes arrivés » en déduit le sage. « Restez sur vos gardes, nous sommes sur le territoire des démons chargés de garder l’accès au royaume de Sang Prabu » ajouta-t-il. « Sembada et moi allons pénétrer au cœur du pays mais toi, mon fidèle Doro, tu resteras ici avec cette dague magique qui te permettra d’empêcher les démons de voler au secours du Roi-ogre. N’oublie pas que les esprits savent changer d’apparence, aussi, ne remet cette dague qu’à moi-même, car les démons n’ont pas le pouvoir de se faire passer pour moi » . Doro promit et le sage, accompagné de Sembada, descendit la montagne. Sur le chemin, ils ne croisèrent pas âme qui vive jusqu’à finalement tombé, après plusieurs heures de marche, sur un vieillard qui tressait un panier. Le sage l’interrogea sur son peuple et ce dernier répondu : « Notre royaume est maudit : tous les matins, notre vice-roi conduit à notre souverain un beau jeune homme qui est dévoré le jour même. Toutes les mères de ce pays craignent l’aube et les pères serrent les poings d’impuissance lorsque le soleil apparaît au firmament. Le peuple déserte le royaume ou se cache dans la forêt. Demain, le vice-roi présentera à Sang Prabu son propre fils car tous les autres habitants du pays se sont enfuis ».

Le sage demanda au vieillard de le conduire chez le vice-roi, ce qu’il fit séance tenante. Une fois devant l’exécutant de la volonté de Sang Prabu, le sage dit : « La nouvelle du malheur qui frappe votre pays est parvenue jusqu’à moi, demain, envoie-moi auprès du Roi à la place de ton fils, je vous promets de débarrasser votre royaume de cet ogre cruel ». « Ton corps efflanqué et tes cheveux blancs n’intéresseront jamais le Roi, Sang Prabu refuse de se nourrir de vieillards. » Aya Saka sourit, toucha son propre front et, aussitôt, un jeune homme se tint devant le vice-roi. Seule la longue barbe blanche continuait à orner son visage. Le vice-roi, émerveillé par cette démonstration de magie, lui promis d’accéder à tous ses désirs s’il parvenait à débarrasser le pays du tyran. Ce à quoi le sage répondit : « Je veux un lopin de terre que l’on peut couvrir avec mon turban ». Surpris mais ravi de ce souhait si modeste, le vice-roi jura.

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Le lendemain, lorsque le jour se leva, Ayi Saka fut conduit auprès du roi. Sang Prabu, ravi de cette nouvelle offrande, attira le jeune homme par la barbe blanche plus près de son trône. « Quelle est cette barbe mon garçon ? Est-ce que ça se mange ? » « Goûte Seigneur, tu n’as rien mangé de meilleur de ta vie » répondit le sage. Le Roi prit la barbe d’Ayi dans sa bouche et commença à l’avaler avec férocité. Soudain, la barbe se mit à pousser comme si elle était sans fin. Elle prit feu dans le corps de l’ogre et ce dernier mourut dans les flammes, ne laissant qu’un petit tas de cendres. Tout le royaume était en liesse. Le vice-roi convoqua Ayi Saka dans la salle du trône et le pria de prendre, comme promis, toute la terre que son turban pourrait couvrir. Le sage, le sourire aux lèvres, demanda à Sembada de dérouler le tissu qui protégeait sa tête. Le serviteur eut beau se hâter, le tissu ne diminuait pas, recouvrant rapidement la jungle et les montagne, les rivières et les lacs, le pays tout entier. Ainsi, Ayi Saka devint le seigneur de ce grand royaume qu’il administra avec sagesse et bienveillance. Un jour, il se souvint de son compagnon Doro, resté dans les montagnes. Il demanda à Sembada de retrouver son ami et de lui demander de fonder, au pied de la montagne, une grande ville qui gardera l’accès de notre royaume. Il lui demanda également de ramener la dague magique.

Après d’interminables pérégrinations, Sembada retrouva Doro, épuisé par ses combats incessants avec les démons. Il lui transmit le message du sage et lui demanda de lui remettre la dague ce que Doro, gardant en tête les consignes de son maître, se refusa à faire. Poussés par leur loyauté, les deux amis se livrèrent donc un combat à mort, pour accomplir la tâche que leur maître vénéré leur avait confiée. A l’issue de ce combat, long et acharné, ils s’effondrèrent tous deux, d’un seul et même coup.

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Ne voyant pas revenir Sembada, Ayi Saja partit à sa recherche et découvrit, au pied de la montage des démons, les corps inanimés de ses serviteurs. Il se rappela alors avec regret de la tâche qu’il avait confié à Doro, et de l’ordre donné à Sembada, comprenant qu’ils avaient tous payés de leur vie la fidélité et l’amour qu’ils lui vouaient. Il ramassa alors la dague magique et grava dans la roche une inscription magique, souvenir éternel de ses deux amis :

« Ha na tsa ra ka – « Des serviteurs fidèles

Da ta sa wa la – Luttèrent ensemble.

Pa da ia ya nya – Tous deux de force égale

Ma ga ba ta nga » – Devinrent cadavres inanimés. »

Aussitôt la dernière lettre gravée, un miracle se produisit. Doro et Sembada sortirent de leur sommeil de mort. Les larmes aux yeux, le sage les prit dans ses bras et dit « Que cette inscription magique devienne pour toujours l’écriture du peuple de ce pays, en souvenir de la noblesse de vos âmes ». Et il en fut ainsi.

Si un jour le vent de l’Orient qui embaume le jasmin vous fait parvenir des mots mystérieux : « Ha na tsa ra ka », sachez que sur une merveilleuse île perdue dans l’océan, les petites filles et les petits garçons javanais sont en train de réciter leur alphabet sur les bancs de l’école. »

Source :
Le turban magique, la dague enchantée et l’écriture merveilleuse est un conte tiré du recueil Les plus belles légendes de fleurs (1992) lui-même faisant parti de la collection de contes et légendes du monde collectés par les éditions Gründ. Le texte original est de Vratislav St’ovicek et l’adaptation française de Dagmar Doppia. L’ouvrage est conçu comme une réunion de fleurs qui se racontent les unes après les autres leur histoire. Le Turban magique, la dague enchantée et l’écriture merveilleuse est l’histoire racontée par le Jasmin.

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